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Toxicité |
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INTRODUCTION
Les plantes aromatiques et leurs huiles essentielles sont utilisées
depuis la nuit des temps dans des applications aussi multiples que variées.
Cela ne signifie pas pour autant qu’elles sont inoffensives
ou qu'une automédication sans mesure ne présente aucun risque.
II est donc capital, pour
tout thérapeute,
de connaître la toxicité de ces substances très actives pour bénéficier
pleinement
de leurs superbes propriétés et non subir les effets secondaires ou toxiques
liés à un mauvais usage.
L'avenir à court terme apportera un éclairage important
sur la cytotoxicité et la génotoxocité des huiles essentielles.
Il est cependant capital d'intégrer la notion de la dualité "Efficacité-Toxicité".
En effet, toute substance thérapeutiquement active est potentiellement toxique.
Tout dépendra de la dose unitaire, journalière, de la voie d'administration,
de l'état du patient...
N’oublions pas qu'un produit toxique intéressera sûrement la recherche
fondamentale
pour la mise en évidence
et l'isolement de molécules toxiques
qui dans certaines pathologies, apporteront des solutions appréciables.
C'est le
cas du taxol isolé du Taxus baccata (l'if)
dont l'activité antitumorale traite les cancers utérins avec de bonnes chances
de résultat.
La toxicité des huiles essentielles est celle de leurs molécules
aromatiques
et vous pouvez
la
retrouver, famille par famille,
dans le chapitre "Relation : structure biochimique-
activité thérapeutique" page 33.
PHOTOSENSIBILISATION
L’application
cutanée d'essences ou d'huiles essentielles
contenant des furo- et pyrocoumarines provoque, sous exposition solaire,
des réactions érythémateuses susceptibles de favoriser la carcinogénèse, selon
certains scientifiques.
L'absorption orale de ces mêmes substances
peut également provoquer cet effet secondaire mais à un degré moindre.
Toutes ces essences des zestes de Citrus(Citron,
Orange, Mandarine, Lime, Pamplemousse, Hystrix)
ainsi que Ammi visnaga (Khella) ou Angelica archangelica (Angélique)
sont responsables du risque
de photosensibilisation et la précaution élémentaire sera d'éviter
toute exposition solaire importante pendant les 24 heures suivant l'application.
Néphrotoxicité
L'absorption orale d'huiles essentielles
riches en monoterpènes
sur de longues périodes peut enflammer ou détériorer les néphrons.
La prudence s'impose surtout pour les Pinus sp (toutes espèces de Pin),
les Abies sp (toutes espèces de Sapin), les Juniperus sp (toutes
espèces de Genévrier)
de même pour le Santalum album (Santal blanc des Mysore).
Allergies
Les lactones sesquiterpéniques, l'aldéhyde cinnamique, les phénylpropanoïdes
ou les hydroperoxydes sont les principales molécules responsables de
phénomènes allergiques
dont le risque varie évidemment avec le terrain du patient.
Certaines H.E. seront bannies Cryptocaria
massoia, d'autres plus utiles seront particulièrement bien dosées sur une
courte durée : Laurus nobilis (Laurier noble), Cinnamomum
zeylanicum
et C. Cassia (Cannelle de Ceylan et de Chine), Inula
graveolens (Inule odorante),
Myroxylon balsamum (Baume de Tolu et du Pérou), Pinus pinaster (Térébenthine)...
Même les huiles essentielles qui sont censées combattre les réactions
prurigineuses allergiques
peuvent, après un usage sur de très longues périodes,
provoquer des réactions allergisantes chez le patient hypersensible :
Mentha x piperita (Menthe poivrée), Salvia officinalis
(Sauge officinale),
Lavandula sp (toutes les espèces de lavandes et lavandins), Melissa
officinalis (Mélisse).
Cela confirme le fait qu'une huile essentielle ne doit pas être utilisée à
longueur d'années
sous peine de voir, un jour ou l'autre, une réaction d'intolérance.
Dermocausticité
et nécrose
Les huiles essentielles riches en phénols, aldéhydes aromatiques et terpéniques
sont irritantes pour la peau et les muqueuses. II faudra toujours les diluer
avec une huile végétale (20% H.E. maximum + 80% H.V.) et les appliquer sur des
surfaces corporelles bien localisées. Ce principe de dilution prévaudra pour
toutes applications d'huiles essentielles sur les peaux hypersensibles.
SONT CONCERNÉES,
LES H.E. À PHÉNOLS :
Thymus vulgaris CT thynmol et
CT
carvacrol
(Thym CT thymol et CT carvacrol),
Trachyspermurn ammi (Ajowan), Eugenia caryophyllus (Giroflier)
;
Satureja montana (Sarriette de montagnes), Origanum
compactum (Origan compact),
Origanum heracleoticum (Origan de Grèce), Corydothymus
capitatus (Origan d'Espagne).
MAIS
AUSSI LES H.E. À ALDÉHYDES :
Leptospermum scoparium (Manuka), Litsea citrata (Litsée
Citronnée),
Cymbopogon citratus (Verveine des Indes), Cymbopogon flexuosus
(Lemongrass),
Cinnamomum zeylanicum et cassia (Cannelle de Ceylan et
de Chine).
D'AUTRES PLUS RÉVULSIVES ET NÉCROSANTES SERONT
TOTALEMENT INTERDITES : Moutarde, Croton et Sabine.
Carcinogenèse
On retiendra surtout la beta-asarone, présente dans certains chémotypes d'Acorus
calamus
(Acore ou roseau odorant). Inutile de préciser le rejet
systématique de ce type d'H.E.
qui peut induire per os, chez le rat, des carcinomes hépatiques.
Hépatotoxicité
Une certaine toxicité hépatique se manifeste avec les H.E. à phénols
sur de longues périodes et à doses élevées (500 mg à
1 gr/jour).
Pour
pallier à cet effet toxique, il faut respecter l'emploi décrit ci-après
soit une durée prolongée (plus de 6 mois) et des doses faibles (100
mg/jour)
soit une durée courte (15 jours) et des doses élevées (500 mg à 1 gr/jour).
Les H.E. concernées sont les mêmes que celles citées dans dermocausticitÉ
et nÉcrose (voir supra)
(voir aussi p. 72 du volume cité ci-dessous, no 9 et 10)
Neurotoxicité
et action abortive
Les cétones sont des molécules aromatiques thérapeutiquement très utiles
mais des plus délicates à manipuler en raison de leur toxicité possible
et des risques d'avortement qui sont liés à leur emploi.
Autant dire de suite que seule la parfaite connaissance de ces produits
permet un emploi médical efficace et sans risque.
Cette
toxicitÉ
est double : neurotoxicitÉ et action abortive
Celui qui ne connaît pas s'interdira l'emploi chez le bébé, la femme enceinte
ou allaitante
et chez le patient neurologiquement fragile (personnes âgées).
la
toxicité de ces molécules varie en fonction de 3 critères :
1º la voie d'administration
(++++ = très toxique, + = peu toxique) |
2º la dose utilisée et
du lieu d'application ainsi que du seuil de tolérance de chaque patient.
Voie orale :
|
Type de cÉtones | Huile essentielle | Voie Or. | Voie Cut. | Voie Rect. | Voie Vag. |
Acétone |
Albies alba |
+++ |
+ |
++ |
++ |
Méthyl heptyl cétones |
Ruta graveolens |
++++ |
+++ |
+++ |
+++ |
Beta dione |
Helichrysum italicum |
++ |
+ |
+ |
+ |
Tagétone |
Tagetes glandulifera |
++++ |
++ |
+++ |
++ |
Artémisia cétone |
Santolina chamaecyparisus |
++++ |
++ |
+++ |
++ |
Fenchone |
Lavandula stoechas |
++++ |
++ |
+++ |
++ |
Thujone |
Thuya
occcidentalis |
++++ |
+++ |
+++ |
+++ |
Bornéone |
Rosmarinus
off. camphora |
+++ |
+ |
++ |
+ |
Pinocamphone |
Hyssopus officinalis ssp off. |
++++ |
++ |
++ |
++ |
Verbénone |
Rosmarinus off. verbénone |
++ |
+ |
+ |
+ |
Menthone |
Mentha x piperita |
+++ |
++ |
++ |
++ |
Pipéritone |
Mentha
arvensis |
+++ |
++ |
++ |
++ |
Pulégone |
Mentha pulegium |
++++ |
+++ |
+++ |
+++ |
Type de cétones |
Huile essentielle |
Voie Or. |
Voie Cut. |
Voie Rect. |
Voie Vag. |
Cryptone |
Eucalyptus
camaldulensis |
+++ |
+ |
+ |
+ |
Carvone |
Carum
carvi |
++ |
+ |
+ |
+ |
Atlantone |
Cedrus
atlantica |
++ |
++ |
++ |
++ |
Davanone |
Lantana
camara |
+++ |
++ |
++ |
++ |
Germacrone |
Myrica gale |
+++ |
++ |
++ |
++ |
Erémophilone |
Eremophila mitchelii |
+++ |
++ |
++ |
++ |
Diosphénone |
Agathosma betulina |
+++ |
++ |
+++ |
++ |
Le
processus d'intoxication par les huiles essentielles cétoniques se fait de la
manière suivante:
1. passage de la barrière hémato-encéphalique.
2. action lipolytique déstructurant les
gaines de myélyne.
3. dysfonctionnement neuronique avec excitation,
stupéfaction puis dépression allant jusqu'au coma.
________________
Référence :
Page 72 : no 9 et 10 dans "Précautions
d'emploi" :
9/-
Attention aux huiles essentielles riches en phénols car, à l'état pur
sur la peau, elles sont dermocaustiques. Il conviendra donc de les diluer à une
concentration maximale de 20% pour une application locale limitée. Ces mêmes
huiles essentielles peuvent être administrées par voie orale à faibles doses
et sur des durées prolongées (12 mois)
ou à fortes doses et sur des durées courtes (15 jours).
A doses élevées (1 gr par jour) et durée prolongée (plus de 3 mois) ces H.E.
présentent une hépatotoxicité sur les patients hépatosensihles.
10/-
Attention aux huiles essentielles riches en aldéhydes aromatiques (cinnamaldéhyde)
et en aldéhydes terpéniques. Celles-ci sont dermocaustiques ou irritantes.
Leur emploi cutané à l'état pur est déconseillé. Il est vivement recommandé
de diluer ces H.E. à maximum 20% dans une huile végétale.
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Baudoux, Dominique, Les
cahiers pratiques d'aromathérapie selon l'école française :
Volume 1 -PÉDIATRIE-, Collection "L'aromathérapie
professionnellement", p. 73-80, Éd. Inspir, 2001
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